La demoiselle de déshonneur

de Serge Reggiani

Elle faisait le trottoir le long de l'égliseY a bien des curés qui prient dans la rue !Elle avait vingt ans de loyaux services,Vingt ans de grande vie et de petite vertuMoi, en ce temps-là, j'allais à confesseTous les mercredis à cinq heures et quartJ'étais le dernier à parler de fessesEt j'y pensais, c'était par hasardMademoiselle de déshonneurMon premier amour d'un quart d'heureCe mercredi-là, j'étais en avanceJ'avais déserté le cours de françaisEt j'allais m'refaire une bonne conscienceLorsque j'entendis : "Tu viens mon biquet ?"Un coup d'œil devant, un coup d'œil derrière,J'étais l'seul biquet à cent lieues autourAlors je suis v'nu, en f'sant ma prière,J'voulais faire l'apôtre et j'ai fait l'amourMademoiselle de déshonneurMon premier amour d'un quart d'heureEt c'est là, bêtement, dans cette chambre obscure,Cette chambre sans joie, sans fleurs aux rideaux,C'est là qu'j'ai reçu ma première blessure,Laissé mon enfance au porte-manteauOn peut rêver mieux pour sa grande première,De couchers d'soleil ou de champs d'muguetMoi, je n'ai récolté que trois Notre-Père,Deux minutes de remords, un zéro d'français.Mademoiselle de déshonneurMon premier amour d'un quart d'heure

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