Les feuilles mortes

de Michèle Torr

C'était un gamin, un gosse de Paris
Pour famille, il n'avait que sa mère
Une pauvre fille aux grands yeux, rougis
Par les chagrins et la misère

Elle aimait les fleurs, les roses surtout
Et le bambin, tous les dimanches
Lui apportait de belles roses blanches
Au lieu d'acheter des joujoux

La câlinant bien tendrement
Il disait en les lui donnant

C'est aujourd'hui dimanche
Tiens, ma jolie maman
Voici des roses blanches
Toi qui les aimes tant
Va, quand je serai grand
J'achèterai au marchand
Toutes ses roses blanches
Pour toi, jolie maman

Au printemps dernier, le destin brutal
Vint frapper la blonde ouvrière
Elle tomba malade et, pour l'hôpital
Le gamin vit partir sa mère

Un matin d'avril, parmi les promeneurs
N'ayant plus un sou dans sa poche
Sur un marché, tout tremblant, le pauvre mioche
Furtivement vola des fleurs
La marchande l'ayant surpris
En baissant la tête, il lui dit

C'est aujourd'hui dimanche
Et j'allais voir maman
J'ai pris ces roses blanches
Elle les aime tant
Sur son petit lit blanc
Là-bas, elle m'attend
J'ai pris ces roses blanches
Pour ma jolie maman

La marchande émue, doucement lui dit
Emporte-les, je te les donne
Elle l'embrassa, et l'enfant partit
Tout rayonnant qu'on le pardonne

Puis à l'hôpital, il vint en courant
Pour offrir les fleurs à sa mère
Mais en le voyant, tout bas une infirmière
Lui dit: Tu n'as plus de maman
Et le gamin, s'agenouillant
Dit devant le petit lit blanc

C'est aujourd'hui dimanche
Tiens, ma jolie maman
Voici des roses blanches
Toi qui les aimais tant
Et quand tu t'en iras
Au grand jardin, là-bas
Toutes ces roses blanches
Tu les emporteras

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