Le successeur - Live à l'Olympia, Paris / 1995

de Michel Sardou

Il vient d'entrer en scèneDans mon costume de scène.Il n'a rien à m'envier :Il n'a même pas salué.J'm'entends encore lui direLa manière de sourire,La façon d'arriver,Gladiateur sacrifié.Il commence sa chansonEt j'reconnais l'intro.C'est ma première leçon :D'la rigueur, mais pas trop.Pour sa première rengaine,Il parle avec les motsD'une jungle africaine,De l'adieu d'un bateau.Et il est jeune, il est bon, il est beau.Quel talent, quelle leçon, quel salaud !Quand il parle d'une femme,Elle ressemble à la mienne.Dans le bleu de ses larmes,Je me fais de la peine.Il joue avec mesureDe la mélancolie,Des passions, des blessures,Sur le fil de ma vie.Et il est jeune, il est bon, il est beau.Quel talent, quelle leçon, quel salaud !Il s'arrête, un silenceEt le public délire.Sur une histoire d'amour,Il enchaîne à plaisir.Il connaît mes images.Il sait les colorier.Il accroche un nuageQue je lui ai soufflé.Il finit, dans sa loge,Sonné comme un boxeur.Quand quelqu'un l'interroge,Il répond : "Tout à l'heure !"Et puis il m'aperçoit,Il m'embrasse, il m'attire.Est-ce que c'est bien ma voixQue j'entends pour lui direQu'il a raison d'être jeune, d'être beau ?Quel talent, quelle leçon, quel salaud !Qu'il a raison d'être jeune, d'être beau ?Quel talent, quelle leçon, quel salaud !

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