La même rage (avec la participation spéciale de Maxime Landry)

de Lynda Lemay

C'était même pas un arbre
C'était même pas vivant
Mais c'était immuable
Ça défiait tous les vents

C'était juste un peu grand
C'était même pas très gros
C'était même pas méchant
C'était juste un poteau

Il était même pas droit
Il était juste long
Il était juste là
debout sur l'horizon

C'était même pas un arbre
C'était tout juste bon
A supporter deux câbles
Et servir trois maisons

C'était même pas un arbre
C'était même pas vivant
Je ne sais pas comment
C'était inévitable

C'était un solitaire
Il n'avait pas d'forêt
On ne voyait pas ses frères
Ni de loin ni de près

Il était comme perdu
Dans son grand paysage
N'était même pas foutu
De faire du bois d'chauffage

C'était même pas un arbre
Mais c'était bien présent
Planté dedans le sable
A l'orée d'un grand champ

Et puis quelle maladresse
Quel malheureux hasard
Quelle erreur dans le geste
Ou bien quel désespoir

A fait, qu'à toute vitesse
Avec tant de justesse
Et tant d'exactitude
Dans ton élan d'ivresse

Tu t'cognes à l'étroitesse
De tant de solitude
Et que tu te confondes
A cet exclu du monde

C'était même pas un arbre
C'était juste une embûche
Et je me sens coupable
De faire ainsi l'autruche

En refusant de croire
Que tu l'aies fait exprès
D'avoir cet avatar
Avec ce tronc si laid

C'était même pas vivant
Et ça manquait d'couleurs
Alors de temps en temps
Je dépose des fleurs

Au pied de cette tour
Que, dans un grand fracas
T'as choisie pour toujours
Comme amie et comme croix

Elle s'était, sur le coup
Évidemment cassée
Mais, pendant le mois d'août
Des hommes l'ont réparée

Pour soutenir deux câbles
Et servir trois maisons
C'était même pas un arbre
C'était juste un vieux tronc

Oui, mais depuis le drame
J'y ai gravé ton nom
Je le couvre de larmes
Et de génuflexions

Ça n'avait même pas d'feuilles
C'était déjà défunt
Avant que tu ne veuilles
Lui léguer ton parfum

Aujourd'hui, ce poteau
Qui pointe vers le ciel
Discrètement, me révèle

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