En passant

de Jean-Jacques Goldman

Toutes les ébènes ont rendez-vousLambeaux de nuit quand nos ombres s'éteignentDes routes m'emmènent, je ne sais oùJ'avais les yeux perçants avant, je voyais toutDoucement reviennent à pas de loupsReines endormies, nos déroutes anciennesCoulent les fontaines jusqu'où s'échouentLes promesses éteintes et tous nos vœux dissousC'était des ailes et des rêves en partageC'était des hivers et jamais le froidC'était des grands ciels épuisés d'oragesC'était des paix que l'on ne signait pasDes routes m'emmènent, je ne sais oùJ'ai vu des oiseaux, des printemps, des caillouxEn passantToutes nos défaites ont faim de nousSerments résignés sous les maquillagesLendemains de fête, plus assez saoulsPour avancer, lâcher les regrets trop lourdsDéjà ces lents, ces tranquilles naufragesDéjà ces cages qu'on attendait pasDéjà ces discrets manques de courageTout ce qu'on ne sera jamais, déjàJ'ai vu des bateaux, des fleurs, des roisDes matins si beaux, j'en ai cueilli parfoisEn passant

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