Les marquises

de Jacques Brel

Ils parlent de la mort
Comme tu parles
D'un fruitIls regardent la mer
Comme tu regardes un puit

Les femmes sont las cives
Au soleil redouté
Et s'il n'y a pas d'hiver
Cela n'est pas l'été

La pluie est traversière
Elle bat de grain en grain
Quelques vieux chevaux blancs
Qui fredonnent Gauguin

Et par manque de brise
Le temps s'immobilise
Aux Marquises

Du soir montent des feux
Et des pointes de silence
Qui vont s'élargissant
Et la lune s'avance

Et la mer se déchire
Infiniment brisée
Par des rochers qui prirent
Des prénoms affolés

Et puis plus loin des chiens
Des chants de repentance
Des quelques pas de deux
Et quelques pas de danse

Et la nuit est soumise
Et l'alizé se brise
Aux Marquises

Le rire est dans le cœur
Le mot dans le regard
Le cœur est voyageur
L'avenir est au hasard

Et passent des cocotiers
Qui écrivent des chants d'amour
Que les sœurs d'alentour
Ignorent
D'ignorer

Les pirogues s'en vont
Les pirogues s'en viennent
Et mes souvenirs deviennent
Ce que les vieux en font

Veux tu que je dise
Gémir n'est pas de mise
Aux Marquises

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