Les berceaux, Op. 23, No. 1

de Gabriel Fauré

J’étais triste et pensif quand je t’ai rencontrée
Je sens moins aujourd’hui mon obstiné tourment
Ô dis-moi, serais-tu la femme inespérée
Et le rêve idéal poursuivi vainement?
Ô passante aux doux yeux, serais-tu donc l’amie
Qui rendrait le bonheur au poète isolé
Et vas-tu rayonner sur mon âme affermie
Comme le ciel natal sur un cœur d’exilé?
Ta tristesse sauvage, à la mienne pareille

Aime à voir le soleil décliner sur la mer!
Devant l’immensité ton extase s’éveille
Et le charme des soirs à ta belle âme est cher
Une mystérieuse et douce sympathie
Déjà m’enchaîne à toi comme un vivant lien
Et mon âme frémit, par l’amour envahie
Et mon cœur te chérit sans te connaître bien

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