Le louvetier

de Cécile Corbel

Cétait un maître louvetier, qui s'en allait chasser en plaine
Il s'en allait par le matin, armé d'un pique et d'un gourdin
A sa ceinture une cartouchière, et son fusil en bandoulière

A peine à l'orée du Grand Bois, qu'il entendit comme une plainte
Comme une plainte, comme une voix, comme un animal aux abois
Comme une chanson fantastique, sortant d'un conte maléfique

Mais quel fut son étonnement, voyant gisant un homme à terre
Un homme réclamant son trépas, se disant victime du sabbat
Pour conjurer ici l'affaire, frappez moi d'une balle aurifère

Le louvetier s'est approché de l'homme à l'allure bien étrange
Et mit la main dans son cabas, pour sortir du pain qu'il donnât
A l'homme-loup surpris que l'autre, lui donnât là son pain d'épeautre

Quand il eut fini de manger, le loup-garou se tint le ventre
Se tint la tête, se tint les pieds, et de se métamorphoser
Se libérant du mauvais charme, cet homme retrouva son âme

Je te remercie louvetier, tu m'a bien tiré de la peine
Par ce pain que tu m'a donné, le loup en moi fut libéré
Tu m'as sauvé de l'infortune, de l'ensorcellement de la lune

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