L'Internazionale

de Bernard Lavilliers

Dans la brasserie du nord de style mille neuf cent
Les voyageurs payaient en or trébuchant
Rongés par le cancer infernal de la fuite
Vivre déraciné, vivre tard, vivre vite
Je suis en plein délire, dévoré par les fièvres
J'essaie de modifier dans le creux de ma main
La ligne d'un bonheur inconnu, incertain
Car le malheur rend fou

Terminus Nord, ma créole
Vacille dans les vapeurs d'alcool
J'entends des sifflets, des sourdos
Des cris de singes, des chants d'oiseaux
Tu me regardes, tu te demandes
S'il est trop tôt ou bien trop tard
Pour me demander si je pars
Sais-tu au moins ce que tu cherches Gringo ?
Sais-tu au moins ce que tu cherches Gringo ?
Sais-tu au moins ce que tu cherches ?

{Refrain:}
C'est toujours plus loin, toujours plus fou, toujours plus beau
C'est toujours étrange comme un mélange de gaz et d'eau
C'est dans l'aventure et la magie, mon beau
Dans la démesure et la folie que tu trouveras Eldorado
Dans la démesure et la folie que tu trouveras Eldorado
Tu as cherché, tu as cherché, tu as cherché trop loin
Le bonheur qui était au creux de ta main
Tu as cherché, tu as cherché, tu as cherché trop loin
Le bonheur qui était au creux de ta main

Dans la jungle à la lune pleine
Les papillons ne se brûlent pas sur les lanternes
Ils montent cette nuit-là vers les hautes ténèbres
On regarde de loin briller leurs ailes bleues
On raconte ces choses dans le nord du Brésil
Il m'a semblé les voir se perdre dans les fils
Des araignées velues dévoreuses de rêve
Mais la jungle rend fou

Assis à l'ombre des mangos
Dans la taverne d'Eldorado
Les rêves d'or ont la peau dure
Comme les diamants sous le carbure
Elle me regarde et me soupèse
Il est trop tard ou bien trop tôt
Elle me questionne sans dire un mot
As-tu trouvé ce que tu cherches Gringo ?
As-tu trouvé ce que tu cherches Gringo ?
As-tu trouvé ce que tu cherches ?

{au Refrain}

Vieilles légendes indiennes, rêves mystérieux des jungles
La voix grave d'une femme parle du pays des morts
Où, juste à quelques miles, brille la Cité d'Or
Ton silence affamé a décodé les signes
La nuit qui va tomber tourne ses feuilles noires
Du côté du couchant, du sang et de l'espoir
Du côté des chercheurs tombés dans les abîmes
Du côté du parfum des femmes
Mais le parfum rend fou

Le son saturé de la radio
Dans la taverne d'Eldorado
Fait hurler les hommes et les chiens
Je bois et je ne pense à rien
Je l'ai eue très vite et sans un mot
Elle ne sait pas ce que je vaux
Elle ne sait pas ce que je cherche
Sais-tu au moins ce que tu cherches Gringo ?
Sais-tu au moins ce que tu cherches Gringo ?
Sais-tu au moins ce que tu cherches ?

{au Refrain}

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